lundi 28 avril 2008

Here comes the sun

Voilà bien longtemps que je n'ai pas donné de nouvelles...

Glasgow va bien, elle profite du moindre rayon de soleil; les cieux nous ont gratifiés d'un week-end resplendissant - à l'aune des standards écossais j'entends: beau grand soleil et température de... 15 degrés!! Autant dire la canicule. Et les Glaswégiens, comme tous les habitants des contrées nordiques, ne peuvent pas se permettre d'en louper une miette. Du coup, Ashton Lane était bondée tout le week-end, et les gens se prélassaient sur les pelouses de Kelvingrove Park; des petites camionnettes vendant des glaces ont fleuri dans les rues et c'était à qui porterait le débardeur le plus aéré, pour le dire poliment.

Bon cela dit, aujourd'hui il pleut des cordes et les mouettes sont particulièrement agitées. Et j'ai chopé une énorme crève.

Trêve de considérations météorologiques. Ma petite vie continue à peu près sereinement, soirées (un peu trop) arrosées le week-end et routine plan-plan la semaine, squash, piscine, bibliothèque... On entame aujourd'hui la dernière semaine de cours et le mois de mai sera consacré aux surveillances d'exams et corrections de copies.

Un petit miracle s'est produit la semaine dernière. Je disais au revoir à une classe de 1ère année que je ne reverrai plus, et à vrai dire ça ne m'attristait pas plus que ça. C'était un de ces groupes qui refusent obstinément d'ouvrir la bouche, et j'ai ramé toute l'année pour les faire parler. Bref, je leur souhaite bon courage pour les examens, une élève vient me voir pour me faire part de ses angoisses et de ses remords parce qu'elle n'a vraiment pas travaillé assez son français; j'essaie comme je peux de la rassurer, mais j'avoue que je ne sais pas trop quoi lui dire. Puis en vient une autre, qui d'un sourire timide me dit (en français!) qu'elle avait beaucoup aimé mes cours, que je l'avais bien aidée et qu'elle avait maintenant beaucoup plus confiance en elle. Je crois que ça faisait longtemps que je n'avait pas ressenti quelque chose avec autant de force: quel bonheur d'entendre ça, et c'était en plus tellement inattendu! Finalement, un an d'ennui profond - et je vous assure, qu'est-ce que j'ai pu m'ennuyer avec eux! - se trouve justifié par un petit compliment. Mais quel bonheur je vous assure, j'ai passé le reste de l'après-midi un sourire béat collé au visage, un peu comme si Ethan Hawke m'avait déclaré sa flamme (ce qui de toute façon ne saurait tarder).

D'autre part, je découvre en ce moment l'univers de la BD, enfin plus exactement je m'intéresse au genre, interactions entre image et texte, mise en page, rapport entre case et planches etc. Eh bien je vous assure que c'est assez surprenant et extrêmement intéressant. Je viens par exemple de lire un essai de Benoît Peeters (celui-là même qui scénarise la série des Cités obscures) intitulé Case, planche, récit, et qui offre nombre de réflexions particulièrement stimulantes concernant ce genre encore souvent considéré comme de la sous-littérature. Je ne vais pas me lancer dans un résumé du bouquin, c'est tout de même un domaine assez restreint et spécialisé, mais ce type d'ouvrage constitue une preuve indéniable que la BD est un art à part entière, dont les spécificités ne peuvent être simplement ramenées à celles du cinéma et de la peinture. Bref, un jour peut-être que j'en dirai d'avantage si l'envie m'en prend; pour l'instant je me contente de m'approprier le sujet, et je m'amuse bien. Ci-dessous, le Philémon de Fred se fait remonter les bretelles pour ne pas avoir compris le sens du mouvement/ et nous le sens de la lecture (je sais ça sert à rien vous pouvez pas agrandir l'image, mais j'avais quand même envie de la montrer).

lundi 7 avril 2008

Myself and the city

Je ne ressemble pas franchement à Carrie Bradshaw (1). Je suis plus grande, légèrement moins menue, brune, et surtout je ne m'habille pratiquement qu'en noir, en général chez H&M et Zara et je ne porte pas de talons (à mon grand désarroi - mais y a des choses qu'on sait faire et d'autre pas, c'est comme ça). Je fantasme parfois sur des robes Chanel ou des chaussures Manolo Blahnik, mais bon, en règle générale, je ne me les offre pas. Mais... j'ai beaucoup d'imagination. Alors quand je me prends pour Carrie Bradshaw, je suis Carrie Bradshaw. Quand en plus je suis à Manhattan, vous imaginez!

Je n'ai quand même pas fait le Sex and the City Tour (oui oui, ça existe - il y a même deux entreprises rivales qui se disputent le marché. A ce sujet, un petit article du Guardian: http://www.guardian.co.uk/world/2008/apr/04/usa.television). Mais j'ai bu des cocktails avec ma petite soeur dans Greenwich Village, passé le dimanche avec mon ancienne coloc de Galway Ailbhe (prononcez "Alva") à me balader, à déguster un duo de quiches au chèvre au café Mozart dans le Upper West Side en parlant de sexe sous le regard bienveillant du serveur, puis à boire un verre de vin rouge au comptoir d'un resto italien trendy. J'ai traîné dans quelques très belles librairies d'occasion, me suis fait masser à China Town (et elle y est pas allée de main morte, la masseuse... Je savais pas qu'un massage pouvait faire aussi mal), fait la queue pour aller manger un conséquent banana split à Serendipity 3, assisté à un concert de jazz à Harlem dans un vrai club du coin, je vous raconte pas l'ambiance de fous - après un repas de soul food chez Miss Maude's Spoonbread.
A propos des restos new-yorkais, on a rencontré quelques difficultés
concernant le fameux tip. On savait qu'il était plus que conseillé de laisser un pourboire; dans ces cas, moi, en général, j'arrondis au multiple de 5 près. Oui mais voilà, parfois ça ne suffit pas. D'où un des moments les plus désagréables du séjour: un jour en milieu d'après-midi, ma soeur et moi avons mangé dans un resto japonais, à peu près honnête m'enfin, ça cassait pas trois pattes à un canard. Le type nous apporte l'addition, on laisse 2-3 dollars de pourboire et on finit notre discussion avant de s'en aller. Là-dessus, le serveur revient et nous dit: "Was everything ok, ladies? Because the usual tip is 15%..." J'avais JAMAIS vu ça. D'abord franchement c'était pas formidable sa bouffe, mais en plus faudrait calculer 15% de tous les repas qu'on prend!! Moi et les pourcentages, ça fait à peu près 10 (à ce propos d'ailleurs, tout le monde m'avait dit, tu verras, c'est super facile de se repérer dans New-York... oui, sauf qu'autant je retiens facilement les noms de rues, autant les chiffres j'y pige quedalle! Je sais toujours pas si Colombus Circle est à la 42ème, à la 53ème ou à la 76ème...), et quand c'est pas un chiffre rond en plus...! Du coup on a rajouté 2 et on s'est tirées vite fait. C'est la stratégie qu'on a adoptée à partir de ce moment-là d'ailleurs: on mettait toujours les manteaux avant de payer l'addition. Pas très classe, mais ils ont qu'à être plus clairs aussi!! Le dernier jour, on a bouffé dans un vietnamien, et là je crois que je me suis trompée j'ai mis trop: les serveurs nous ont au revoir et merci avec une ferveur peu commune...
Conclusion de ce petit séjour: je me verrais bien habiter à New-York, mais à deux conditions: que j'aie beaucoup d'argent, et que j'habite soit à Greenwich Village, soit à Brooklyn. Tout simplement. Ah non, une autre condition: si les Américains pouvaient ne pas avoir l'accent américain, ça serait mieux...
Photos: 1/ Sex and the city; 2/ Keira, Ben et Ailbhe; 3/ Serendipity 3; 4/ Westsider Books on Broadway avenue; 5/ là où je me suis fait douloureusement massée; 5/ déjeuner au Vynl; 6/ ma future maison à Brooklyn.
(1) Pour ceux qui ne connaissent pas: Carrie Bradshaw, héroïne de la série Sex and the City. 4 new-yorkaises bourrées aux as qui passent leur temps au restaurant, parlent de mecs et font du shopping. Série cultissime pour la plupart des nanas entre 16 et 35 ans; et incomprise -et souvent détestée- du reste du monde, surtout des hommes hétéros.